Défense Nationale ou Protection Sociale : le choix est-il fait ?

Le sévère recadrage du Chef d’Etat-Major des Armées par le Président de la République rend d’autant plus brûlant le débat sur les priorités en matière de protection de nos concitoyens.

En effet, la problématique a largement évolué depuis la chute du Mur de Berlin il y a plus de 25 ans.

La chute du communisme libérait alors d’un coup toutes les précautions des démocraties occidentales.

C’était le temps béni des « dividendes de la paix » : on allait enfin réduire les dépenses de sécurité nationale. Dès 1990 avec le plan « Armées 2000 », la France s’engageait dans cette politique de baisse constante des dépenses militaires.

Les dépenses consacrées à l’Armée passèrent ainsi de 3,4% à 2,2% du PIB, représentant une baisse d’1/3 de l’effort de défense en moins de 25 ans.

Le budget de la défense nationale devint la variable d’ajustement du Ministère des Finances lors de chaque discussion budgétaire.

L’utilisation que la France a fait de ces « dividendes de la paix » s’avère très instructive.

En effet, plus que tout autre pays, notre nation aura profité de ces années pour laisser filer ses dépenses sociales.

Qu’on y songe : entre 1990 et 2015, les dépenses de protection sociale passent de 25% à 32% du PIB. Ces 7% du PIB représentent la somme énorme de 147 milliards d’euros par an.

On aurait pu penser que les budgets soient consacrés à préparer l’avenir ou protéger les plus fragiles. Il n’en fut rien. La part consacrée à la politique familiale (2% du PIB) et à la prévoyance (arrêt de travail ou décès : 1,7% du PIB) restèrent étonnements faibles et stables.

L’argent dépensé le fut en fait principalement pour les retraites (14,5% du PIB) et la santé (11% du PIB).

Nous n’avons pas distribué les « dividendes de la paix », nous avons dilapidé notre capital.

Mais avec la guerre que la France mène contre le terrorisme, les priorités changent.

L’arrêt de la baisse des dépenses de sécurité nationale à la fin du précédent Quinquennat ne fut qu’un premier pas. Les budgets de l’armée et de la police semblaient ne plus pouvoir être considérés comme une poire pour la soif par les services de Bercy. La récente décision du Ministre de l’Action et des Comptes Publics de réduire de 850 millions d’euros les dépenses d’investissement des Forces Armées montre que les termes du débat n’ont en fait pas changé.

Alors que les Français ne supportent plus les hausses d’impôts, que faire ?

La seule solution raisonnable réside dans une baisse drastique des dépenses sociales qui sont trop généreuses pour certains et surtout ne protègent pas sérieusement les personnes qui en ont le plus besoin.

La protection des personnes handicapées comme la prise en charge de la dépendance doit faire l’objet d’une meilleure prise en charge à titre obligatoire. Les annonces récentes de la nouvelle équipe semblent aller dans ce sens.

Mais comparé à nos voisins, rien ne justifie l’âge bien trop précoce de départ en retraite, qu’il s’agisse autant des régimes spéciaux que du régime général des salariés. De même, le niveau des pensions doit être revu à la baisse au regard de l’effort contributif fourni dans le passé par les actuels retraités.

De sérieuses économies doivent aussi être faites en matière de santé. Seule une réorientation de notre système de soins vers une logique vraiment préventive le permettra. Et là encore les annonces Gouvernementales sont encourageantes. Reste à savoir si elles seront suivies d’effet.

Ces mesures ne sont guère faciles à entendre.

Pour ceux qui les subiront économiquement, elles seront difficiles à assumer.

Mais elles seront infiniment moins lourdes à payer que le sang qu’il nous faudra verser si nous ne transférons pas une partie des coûts de la protection sociale vers la défense nationale et la sécurité.

Sans parler des conséquences de la poursuite inconsidérée d’une baisse des dépenses militaires dans le contexte de guerre où se trouve notre pays !

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