La fausse bonne idée de la baisse des cotisations sociales pour les bas salaires

Mettre un cautère sur une jambe de bois, cela n’a jamais marché !

Et les solutions en vogue vont entraîner plus de problèmes qu’en régler.

Le rapport récent publié par le Haut Conseil de Financement de la Protection Sociale est à cet égard très instructif. Mais pour autant, les simulations n’intègrent des aspects essentiels

Dans son dernier rapport, le Haut Conseil pour le Financement de la Protection Sociale se penche sur des scénarios de baisses de charges. Il évalue l’impact de trois scénarios différents pour réduire les charges patronales de 10 milliards d’euros. Il analyse dans une logique macro-économique les effets différents en termes de financement, de propriétés redistributives.

Infographie baisse cotisations sociales

Les 3 options étudiées sont les suivantes :

  • Baisse des charges de façon uniforme pour tous les salaires. Les cotisations seraient alors réduites de 2 points.
  • Concentrer la baisse des charges sur les salaires moyens jusqu’à 2,1 SMIC (3.000 euros brut). Rappelons que les allègements Fillon sont actuellement nuls dès 1,6 SMIC. Le taux d’exonération maximal, au niveau du salaire minimum, serait inchangé.
  • Maximiser les allègements sur les revenus les plus bas, en dessous de 1,75 SMIC (2.500 euros brut).

Les différents scénarii n’auraient évidemment pas le même impact économique:

  • Le premier favoriserait davantage les entreprises dont les salaires sont plus élevés que la moyenne (banque et assurance, activités juridiques, conseil, informatique, énergie, chimie, pharmacie, automobile…)
  • Les deux autres scénarios, seraient plus favorables aux secteurs moins rémunérés. (distribution, construction, hôtellerie et restauration, intérim ou propreté)

Des travaux, il ressort que dans tous les cas, allègement « joue de façon favorable, mais relativement circonscrite ».

  • Une réduction des cotisations sur tous les niveaux de rémunération augmenterait le PIB de 0,3 à 0,8 point et permettrait de créer de 134.000 à 214.000 emplois sur 5 ans.
  • En concentrant les allègements sur les salaires bas et moyens, les entreprises créeraient davantage d’emplois, jusqu’à 300.000 dans le scénario 3

Les gains en termes de PIB seraient proches.

Toutefois, ces simulations sont à prendre avec prudence. En effet, elles n’évaluent pas l’impact de la réduction des dépenses promise par l’exécutif pour financer les baisses de charges.

Les raisonnements « macros » sont instructifs. Et à cet égard, les travaux du Haut Conseil pour le Financement de la Protection Sociale sont utiles au débat.

Mais ils omettent deux aspects essentiels dans l’esprit des chefs d’entreprise :

  • la confiance dans l’avenir de leur activité
  • la stabilité des règles sociales et fiscales.

Et là; il reste manifestement beaucoup à faire.

Mais surtout, en privilégiant la baisse des bas salaires, solution qui semble privilégiée par les Pouvoirs Publics, c’est le choix de l’appauvrissement collectif qui est retenu.

En effet, comment imaginer qu’en incitant les entreprises à limiter les salaires (effet pervers des réductions bas salaires), on aide notre pays dans l’économie mondialisé.

S’ils sont mal payés, les meilleurs de nos éléments partiront.

C’est la raison pour laquelle deux mesures s’imposent pour nous sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes :

  • Baisse uniforme des cotisations d’allocations familiales, comme le prône très justement l’UPA
  • Surtout, une réduction réelle de la dépense publique, sans laquelle toute baisse partielle des cotisations ne sera qu’illusion.

Lire à ce sujet l’article paru dans les Echos de Vincent Collen

Lire également l’article sur l’allègement des cotisations paru dans les Echos du 11/03/2014

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