La progression des divorces baisse les pensions de retraite

Les études du Conseil d’Orientation des Retraites sont souvent pleines d’enseignements.

C’est une fois de plus le cas avec la préparation du 13ème rapport thématique sur la situation des retraités.

Ces travaux montrent comment, au fil des générations, le niveau de vie des retraités est affecté par l’évolution de leur situation conjugale ou du nombre d’enfants restant à charge.

L’arrivée à la retraite de nouvelles générations comprenant davantage de retraités ayant un niveau de vie faible suite à un divorce contribue à freiner la progression du niveau de vie moyen de l’ensemble des retraités.

  • Entre 1996 et 2013, la proportion de retraités vivant seuls est restée globalement stable (autour de 38 à 39 %).
  • La proportion d’hommes et de femmes veufs a diminué avec l’allongement de l’espérance de vie, passant de 28 % à 23 %.
  • Toutefois, la proportion d’hommes et de femmes divorcés parmi les retraités a beaucoup augmenté avec le renouvellement des générations (passant de 4,8 % à 9,6 %).
  • La proportion de retraités célibataires est quant à elle restée stable (6 %).

Le COR observe également que les retraités vivant seuls ont un niveau de vie moyen inférieur. En général ils ont aussi un taux de pauvreté supérieur aux retraités vivant en couple, quels que soient leur sexe et leur situation matrimoniale (veuf, célibataire ou divorcé).

La faiblesse du niveau de vie est particulièrement significative pour les femmes divorcées à la retraite, dont le niveau de vie moyen est inférieur de 24 % à celui des retraités – hommes et femmes – vivant en couple, ainsi que pour les hommes célibataires à la retraite, dont le niveau de vie moyen est inférieur de 23 % à celui des retraités en couple.

En revanche le niveau de vie moyen des hommes veufs à la retraite est égal à celui des retraités en couple. Les femmes veuves, qui représentent la moitié des effectifs de retraités vivant seuls, ont un niveau de vie moyen inférieur de 19 % aux retraités en couple.

Ce qui est intéressant également, c’est qu’en comparaison de la situation au début de la période étudiée (1996 à 2001), la situation des retraités vivant seuls s’est dégradée relativement à celle des retraités en couple. La dégradation relative de la situation des veuves et des veufs s’explique par les écarts de niveau de vie entre générations, les veufs et les veuves étant plus âgés que les retraités en couple : les écarts de niveau de vie entre retraités jeunes et retraités âgés se sont en effet accrus entre 1996 et 2013, avec l’arrivée à la retraite des générations relativement plus aisées du baby-boom.

La dégradation relative de la situation des femmes et des hommes divorcés ou célibataires à la retraite renvoie aussi aux inégalités entre générations. Ainsi, la montée du divorce et du célibat dans les nouvelles générations de retraités, s’étendrait à des milieux moins favorisés, notamment chez les femmes. A l’origine, ce phénomène fut d’abord constaté parmi les femmes les plus diplômées et les plus investies dans leur vie professionnelle avant de se diffuser dans tous les milieux sociaux.

Au final, le document du COR conclut que l’arrivée à la retraite de nouvelles générations comprenant davantage de retraités ayant un niveau de vie faible suite à un divorce contribue à freiner la progression du niveau de vie moyen de l’ensemble des retraités.

Finalement, cette évolution n’est pas vraiment une surprise.

Mais les travaux du COR ont le mérite de l’étayer par des données chiffrées.

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