La protection sociale au cœur de la Présidentielle (2/2)

Parmi les propositions les plus étonnantes des candidats, celle sur le revenu universel a contribué à remettre la protection sociale au centre du jeu.

Idée géniale, fumisterie ou recyclage de vieilles lunes ?

Ce débat n’est pas nouveau.

Au milieu des années 1980 déjà des voix s’étaient élevées pour réclamer la disparition de toutes les prestations sociales et leur remplacement par une allocation unique et personnelle de la naissance à la mort. Cette idée s’inscrit ainsi dans les débats sur la fin du travail, très en vogue à l’époque du PSU et que l’on a vu revenir lors de l’épisode de Nuit Debout il y a quelques temps.

Mais cette idée est aussi défendue par les zélateurs les plus farouches du libéralisme. Dans un univers numérique qui concentre les richesses dans des proportions jamais connues dans l’Humanité, la paix sociale a un coût. Lancer quelques miettes pour que le peuple accepte sa condition, voilà une position cohérente pour la Silicon Valley, synthèse particulièrement aboutie du libéralisme des mœurs et de la cupidité la plus débridée.

Au risque de passer pour un briseur de bleuettes, cette réforme n’est ni possible, ni souhaitable

Une réforme ni possible…

Pour ce qui est du financement, la création du revenu universel prendrait un tour carrément stratosphérique.

Celui qui en est le zélateur du moment, Benoît Hamon, propose de procéder en deux temps :

  • D’abord, augmenter « dès 2018 » le RSA de 10 % à 600 euros et de le verser à tous les jeunes de 18 ans à 25 ans. La mesure coûterait 45 milliards d’euros aux caisses de l’État, soit peu ou prou le montant du pacte de responsabilité et du CICE que le candidat veut transférer aux ménages.
  • Ensuite, la mesure serait étendue à l’ensemble de la population et le revenu universel porté à 750 euros. Cela coûterait alors entre 400 et 500 milliards d’euros, soit autant que l’ensemble des impôts nationaux (TVA, TIPP, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés… 315 milliards) et locaux (taxe foncière, taxe d’habitation… 140 milliards) réunis.

En d’autres termes, il faudrait doubler les impôts pour financer le revenu universel.

On est bien loin des débats sur le « ras le bol fiscal »….

Bon courage à qui voudrait mettre ces augmentations d’impôts à l’œuvre.

…ni souhaitable

L’idée d’octroyer une aide à toutes les personnes, quel que soit le niveau de leur revenu contredit les fondements de la sécurité sociale : l’idée de cette solidarité selon laquelle on contribue selon ses moyens et que l’on reçoive selon ses besoins.

De plus, elle traduit l’abandon de notre société devant le chômage et la misère sociale qu’il entraîne.

Mais surtout, cette idée oublie combien travailler offre une liberté et une dignité que rien ne saurait remplacer.

Notre société occidentale et toutes ses merveilles s’est bâtie pendant des centaines d’années sur le travail acharné des moines qui défrichèrent l’Europe et tracèrent les routes de son développement. Elle s’est bâtie sur le travail de ces millions hommes et de ces femmes qui au fil des siècles ont bâti ainsi des familles, des villages et des villes jusqu’à cette société dans laquelle nous vivons.

Nier le travail, est bien souvent une posture « d’enfant gâté » qui a la chance d’hériter d’une situation. Pas des plus modestes qui veulent s’en sortir et qui n’ont que leur courage pour y parvenir.

Quelle incroyable imposture que de vouloir leur faire croire qu’en acceptant les miettes du revenu universel ils en seront grandis et plus heureux !

Le revenu Universel, n’est-ce finalement autre chose que le fruit d’une longue fatigue intellectuelle de ceux qui font profession de penser pour les autres ?

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