Le gouvernement va-t-il écouter les pistes concrètes de la Sécu ?

Le déficit de la Sécurité Sociale ne va pas se raccourcir par miracle.

C’est pourquoi les propositions concrètes et étayées sont les bienvenues.

Le Gouvernement s’est fixé un objectif de 10 milliards d’euros d’économies sur la période 2015 – 2017, mais sans aller plus loin que de vagues orientations. Il serait bien inspiré d’appliquer les pistes concrètes présentées par l’Assurance Maladie.

Dans un rapport présenté le 2 juillet à son conseil d’Administration, la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnamts) propose des actions concrètes pour freiner les dépenses à hauteur de 2,98 milliards d’euros sur trois ans, dont 715 millions d’euros dès l’année prochaine. En effet, dans le cadre du programme de stabilité présenté en avril 2015, le gouvernement s’est engagé à maîtriser la progression des dépenses d’assurance maladie à 1,75% en 2016, ce qui implique de réaliser 3,4 milliards d’euros d’économies par rapport à la croissance tendancielle des dépenses.

Certaines des mesures préconisées, si elles étaient mises en œuvre, marqueraient des évolutions significatives :

  • Arrêts maladie: lutter contre les dérives. (300 millions d’€ sur 3 ans)

L’Assurance maladie a observé un boom des arrêts maladies depuis l’année dernière. Elle veut renforcer les contrôles et donner aux médecins des référentiels pour qu’ils ne prescrivent pas d’arrêts trop longs.

  • Raccourcir les séjours en maternité et à l’hôpital. (836 millions d’€ sur 3 ans)

Il s’agit de développer les programmes d’accompagnement des patients à la sortie des hôpitaux et des maternités, point faible du système de soins français. Mieux entourés par des professionnels de santé à leur retour à domicile, les patients pourraient sortir plus vite de l’établissement. Dans le cas de la maternité, il s’agit de réduire de 4,2 à 3 jours la durée des séjours.

  • Alléger les ordonnances. (Près d’un milliard d’€ sur 3 ans)

Plusieurs pistes sont avancées : diminuer les examens de biologie inutiles et les tests «non pertinents», imposer aux médecins de mieux respecter les indications de la Haute autorité de santé en matière de prescription de médicaments pour les diabétiques, mieux gérer les médicaments à l’hôpital.

  • Améliorer la prévention. (140 millions d’€ sur 3 ans)

Un des enjeux majeurs ces prochaines années consiste à freiner la progression des maladies chroniques comme le diabète, et d’éviter que les patients déjà atteints voient leur état se détériorer. Ainsi, dans le cadre de l’insuffisance rénale chronique, la prévention ferait baisser l’évolution globale des dépenses. La Cnamts en espère 127,5 millions d’euros en trois ans. Une meilleure détection de l’ostéoporose à un stade précoce permettrait aussi d’éviter des hospitalisations pour fractures.

Ces propositions d’économies très concrètes démontrent que des gains substantiels peuvent être trouvés à tous les niveaux du système de soins, sans imaginer de grand soir.

Il semble toutefois que le ministère de la Santé, inquiet du climat social dans les hôpitaux et hostile à toute forme de déremboursement, n’y soit guère enclin.

Il va être intéressant de suivre de près le test du budget 2016 de la Sécurité sociale.

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