Leur modèle de protection sociale n’est plus la panacée pour les Français

Dans un rapport publié mi-octobre 2016, France Stratégie ausculte les divisions qui traversent la société, perçues en France comme plus menaçantes qu’ailleurs.

Concernant le modèle social, les Français doutent de son efficacité et de sa soutenabilité.

Mais surtout il pointe aussi les différences entre générations quant aux attentes envers la protection sociale ainsi qu’une opposition croissante entre la diversité culturelle et le maintien d’un niveau élevé de solidarité.

Dans une période où notre pays semble avoir du mal à se projeter vers l’avenir, France Stratégie a voulu, dans ce rapport intitulé « Lignes de faille, une société à réunifier », scruter l’opinion et les faits pour comprendre quelles fractures devaient être résorbées en priorité, et autour de quels objectifs la société française pouvait se rassembler.

France Stratégie pointe ainsi une série de fractures (« riches et pauvres », « ascension sociale et déclin social », « emploi et chômage », « les jeunes générations et les autres », « les territoires prospères et ceux en déshérence », « les fractures entre Français de différentes origines », etc…) et explique ces dissonances particulières par une crise de confiance dans les institutions : entreprises, services publics, écoles, sécurité…

Un développement particulier est consacré aux institutions de solidarité et l’État providence, qui a été investi de la mission de « faire société ».

Très attachés à leur modèle social, les Français doutent aujourd’hui de son effi­cacité et de sa soutenabilité.

Les réformes successives censées permettre la prise en charge des nouveaux risques sociaux ont manifestement brouillé la logique de fonctionnement et les finalités du système de redistribution.

Les prestations non contributives cristallisent particulièrement les ressentiments de ceux qui ont l’impression de payer pour les autres.

Le rapport pointe aussi les écarts entre générations quant aux attentes envers la protection sociale. Cela s’explique par le vieillissement de la population, mais aussi par une opposition progressive entre une disparité culturelle croissance et le maintien d’un niveau élevé de solidarité,

Ces constats expliquent aussi la difficulté du modèle social français à réorienter son intervention en direction d’un investissement accru dans l’éducation et l’insertion des jeunes. En effet, un effort supplémentaire en faveur de la jeunesse exigerait de réaffecter des ressources, notamment vers les jeunes issus de l’immigration, et ce au détriment des populations plus âgées bénéficiaires des systèmes de retraite et de santé.

Pour sortir par le haut, France Stratégie dessine 3 scénarii :

  • « Assumer l’individualisme » : face aux revendications contemporaines des individus, qui veulent que leur liberté et leur autonomie soient respectées, une piste serait d’adapter des institutions construites dans le cadre d’une société intégrée et hiérarchisée, et de rendre le collectif plus léger et moins coûteux pour qu’il soit plus accepté et plus efficace. L’avantage serait une plus grande liberté, un allégement des normes ainsi qu’une réduction et une individualisation de la fiscalité due à une intervention de l’État limitée ; mais cela entraînerait moins de protection contre les risques sociaux et de plus grandes inégalités sociales.
  • « Reconstruire les solidarités à partir de la proximité » : il s’agit de s’appuyer sur les institutions politiques, sociales ou économiques les plus proches des citoyens, en ne faisant plus peser sur l’État certaines responsabilités qu’il ne peut plus assumer. Cela entraînerait des décisions publiques davantage décentralisées avec plus d’autonomie pour les collectivités locales, qui pourraient alors mieux œuvrer selon les spécificités de leur territoire, ainsi que davantage de pouvoir d’action pour les associations délégataires de missions de service public. Avec le risque d’une perte de « sécession communautaire », et « une adhésion au projet national plus difficile à obtenir ».
  • « Refonder l’idéal républicain » : cette orientation apporte une vision inversée des précédentes en proposant « le rétablissement d’un droit commun à tous, contre les politiques de zonages spécifiques, en visant une uniformisation du service public sur l’ensemble du territoire ». Cela aurait le mérite selon France Stratégie de lutter plus efficacement contre les inégalités et les discriminations, et d’assurer une plus grande cohésion nationale, tout en faisant courir « le risque d’un retour virulent d’identités particulièrement refoulées ».

Un gros boulot en perspective….

Pour aller plus loin : Lire le rapport de France Stratégies

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