On n’a pas fini de mourir !

L’année 2015 a été meurtrière en France, contribuant à une hausse du nombre de décès de 7 % (587 000) entre 2014 et 2015.

Il faut dire que tous les ingrédients étaient réunis pour un pic de décès : épidémie de grippe virulente en hiver, canicule en été et vagues de froid en automne.

Mais au-delà de cette évolution conjoncturelle, la mortalité va continuer structurellement à progresser.

Dans une étude passionnante de l’INED (Institut National des Etudes Démographique) parue en mars 2016, les chercheurs Gilles Pison et Laurent Toulemon démontrent qu’après 70 ans de stabilité, la mortalité va continuer à progresser.

Ils s’étonnent même que le phénomène ne se soit pas produit plus tôt. Cela aurait été logique car depuis 70 ans, la population française a augmenté de plus de moitié et surtout elle a vieilli.

La progression de la durée de vie et l’arrivée aux grands âges des « classes creuses » (moins de naissances) nées pendant la Première Guerre mondiale expliquent cette stabilisation. L’arrivée à ces âges des générations nombreuses du baby-boom vont entraîner une hausse des décès dans les prochaines années.

L’année 2015 marque en cela un tournant :

  • Le nombre de naissances a légèrement diminué (762 000 en 2015 contre 781 000 en 2014),
  • L’indice de fécondité aussi (1,93 enfant par femme en 2015 contre 1,98 en 2014, soit une baisse de 2,4 %).
  • Dans le même temps, le nombre de décès observés en 2015 (587 000) est supérieur de 7 % aux 547 000 décès de 2014.

La cause de l’accélération des ces décès : 24 000 décès supplémentaires dus à une épidémie de grippe particulièrement meurtrière mais aussi un mois de juillet caniculaire et des vagues de froid en octobre ayant également entraîné quelques milliers de décès supplémentaires par rapport à 2014.

La fin de l’effet « classe creuse » est une des raisons permettant à l’Ined d’affirmer que le nombre de décès va augmenter dans les prochaines années.

L’autre raison est l’arrivée des générations nombreuses nées pendant le baby-boom, entre 1946 et 1973 « aux âgées élevés où l’on meurt », entraînant un effet inverse d’augmentation des décès annuels. Ce phénomène, déjà visible aujourd’hui, va prendre de l’ampleur dans les prochaines décennies, gonflant le nombre annuel de décès le temps que ces générations vieillissent puis disparaissent, les dernières générations du baby-boom devant s’éteindre dans les années 2060.

Les projections les plus récentes de l’Insee annoncent une hausse des décès jusqu’à  » près de 770 000 par an vers 2050 dans le scénario central. »

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